Du 16 au 26 juin 2025, la 62e session des organes subsidiaires de la CCNUCC (SB62) s’est tenue au World Convention Center de Bonn, marquant un moment décisif dans les négociations climatiques internationales. Cette conférence, qui a rassemblé entre 3 000 et 4 000 délégués du monde entier, constituait une étape cruciale entre la COP29 de Bakou et la prochaine COP30 prévue à Belém, au Brésil, en novembre 2025.
Un Contexte Tendu Après les Déceptions de Bakou
La SB62 intervient à un moment crucial, après les résultats décevants de la COP29 à Bakou, où les engagements financiers ont été largement insuffisants et où les pertes et dommages liés au climat ont été mis de côté. Cette conférence de Bonn était donc attendue comme une opportunité de « corriger le tir » selon de nombreux observateurs.
Un élément particulièrement marquant de ces négociations a été l’absence notable des États-Unis, qui ont retiré leurs négociateurs du processus climatique international, projetant une ombre sur l’ensemble des discussions. Cette situation a soulevé des questions importantes sur l’avenir du multilatéralisme climatique.
L’Adaptation au Cœur des Discussions
L’adaptation aux changements climatiques a occupé une place centrale dans les négociations. Les délégués ont fait des progrès sur la transition du Fonds pour l’adaptation au service de l’Accord de Paris et se sont mis d’accord sur des orientations pour affiner les indicateurs permettant de mesurer les progrès vers l’Objectif mondial d’adaptation.
Un défi majeur consistait à définir des indicateurs mesurables pour suivre les efforts collectifs d’adaptation. Au début du processus, il y avait jusqu’à 9 000 indicateurs potentiels sur la liste, qui ont été « miraculeusement » affinés à 490 indicateurs potentiels avant Bonn, bien que l’objectif reste d’arriver à 100 indicateurs pour la COP30.
Le Financement Climatique : Un Enjeu Persistant
La question du financement climatique est restée au centre des préoccupations. Malgré l’objectif convenu à Glasgow en 2021 de doubler le financement pour l’adaptation entre 2019 et 2025, les flux de financement public pour l’adaptation n’ont augmenté que de 22 milliards de dollars en 2021 à 28 milliards en 2022. Même si cette tendance se poursuivait, cela ne couvrirait qu’environ 5% des besoins réels en financement de l’adaptation.
Des appels ont été lancés pour un nouvel objectif de triplement du financement de l’adaptation, reflétant l’urgence croissante de la situation.
L’Agriculture et la Sécurité Alimentaire en Focus
Un moment historique de la conférence a été le premier atelier dans le cadre du Programme de travail conjoint de Charm el-Cheikh sur la mise en œuvre de l’action climatique sur l’agriculture et la sécurité alimentaire (SJWA). Cet événement marque une reconnaissance croissante du rôle crucial de l’agriculture dans l’action climatique.
L’Organisation mondiale des agriculteurs (WFO) était présente avec une délégation importante, soulignant que les agriculteurs sont parmi les premiers à subir les impacts du changement climatique et détiennent un potentiel significatif pour contribuer à la fois à l’atténuation et à l’adaptation.
Le Dialogue de Bakou sur l’Eau
Un autre développement important a été la première réunion intermédiaire du Dialogue de Bakou sur l’eau pour l’action climatique, une plateforme multipartite qui rassemble 73 États et des dizaines d’parties prenantes pour favoriser la continuité et la cohérence de l’action climatique liée à l’eau.
Vers une Réforme du Processus de Négociation
Face à la complexité croissante des négociations climatiques, de nombreuses voix se sont élevées pour envisager une réforme du processus des négociations climatiques de l’ONU. La présidence brésilienne de la COP30 a d’ailleurs invité toutes les parties à réfléchir à l’avenir du processus lui-même.
Défis et Perspectives
Malgré les avancées réalisées à Bonn, des défis majeurs subsistent. Avec la fenêtre de 1,5°C qui se ferme rapidement, chaque fraction de degré – et chaque décision – compte, comme l’a souligné le World Resources Institute.
Les pays doivent maintenant se préparer à soumettre leurs nouvelles contributions déterminées au niveau national (CDN) d’ici septembre 2025, dans le cadre de ce qui sera un test crucial pour l’ambition climatique mondiale.
Bonn : Plus qu’une Ville, un Symbole
Bonn continue de jouer son rôle unique dans l’architecture climatique mondiale. Siège de la CCNUCC depuis 1996, la ville allemande accueille régulièrement ces négociations intersessionnelles cruciales qui préparent les grandes COP annuelles.
En 2025, la ville célèbre également d’autres événements majeurs, notamment le 50e anniversaire du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT), renforçant sa position de centre d’excellence climatique et météorologique.
Conclusion : Un Chemin Semé d’Embûches vers Belém
Alors que les délégués quittent Bonn, le chemin vers la COP30 de Belém reste semé d’embûches. Les progrès réalisés sur l’adaptation et certains aspects techniques sont encourageants, mais les blocages persistants sur le financement et l’absence de certains acteurs clés rappellent la fragilité du consensus international sur le climat.
La prochaine étape sera cruciale : les nouvelles CDN attendues en septembre 2025 devront démontrer si la communauté internationale est prête à relever le défi de maintenir le réchauffement sous 1,5°C. Bonn 2025 restera dans l’histoire comme un moment charnière, entre déceptions passées et espoirs futurs, dans la lutte mondiale contre le changement climatique.
Pour suivre l’évolution des négociations climatiques et préparer la COP30, tous les regards se tournent maintenant vers Belém, où se joueront peut-être les dernières cartes pour notre avenir climatique commun.